Saturday, April 7, 2012

Un Etat de droit en RDC n'est pas souhaité par l'Occident
Par Chryso Tambu, publié le 2 janvier 2012


La presse congolaise libre qui a commenté la prestation de serment du "tricheur de la République" "Joseph Kabila", suite à son troisième coup d'Etat certifié par la cour suprême de justice, semble se réjouir de l'échec de cette cérémonie qui s'est déroulée très curieusement dans un camp militaire "la cité de l'OUA" devant un public sélectionné, et surtout marquée par l'absence remarquable de tous les chefs d'Etat voisins et plusieurs dignitaires occidentaux de premier rang. Mais l'absence de cette classe des VIPs peut-elle réellement être considérée comme un boycottage de la part de la communauté internationale d'un pouvoir qui cherche la légitimité internationale après une éléction entachée d'irrégularités, de fraude et de tricheries et dont la crédibilité des résultats a été remise en cause par tous? Absolument pas!

D'aucuns se souviendront de l'incident qui avait déclenché la mutinerie au lendemain de la proclamation de l'"indépendance" de la République du Congo (Kinshasa). Sur un tableau noir devant les soldats de l'ancienne force publique, devenue l'armée nationale congolaise (ANC), le général Janssens écrivait sa fameuse équation inflammatoire suivante: "Avant l'indépendance = Après l'indépendance". Cinquante ans plus tard, rien n'a changé. La communauté internationale vient de refaire presque la même chose sans tableau noir ni craie mais par la présence de ses ambassadeurs et représentants à la prestation de serment de l'imposteur, c'est à dire "Avant le 28 novembre 2011 = Après le 28 novembre 2011".

Il faudrait remonter plus loin dans l'histoire du Congo pour comprendre le jeu de la communauté internationale dont la politique n'a jamais changé, mais qui n'a évolué que dans la stratégie. Tout d'abord, il est important de rappeler une réalite. Sans se faire d'illusions à propos des contrats signés avec les chinois et autres, La RD Congo demeure inféodée aux puissances néo-coloniales.



Lorsque les puissances coloniales accordent l'"indépendance" aux pays africains en 1960, plusieurs d'entre elles ne se rendent pas compte très vite du fait que ces anciens colonisés viennent aussi d'hériter des constitutions démocratiques qui vont rendre la tâche difficile aux néo-colonisateurs. Conscient de cette réalité et pour présever ses interêts au Katanga avec ses richesses minières, le gouvernement belge s'arrange pour faire amender à temps en date du 16 juin 1960 par le parlement belge la loi fondamentale afin de permettre la nomination de Moise Tshombe comme président de la province.

Voilà un plan bien médité par la Belgique pour reprendre de la main gauche ce qu'elle allait céder de la main droite. Au fait, sans la modification des articles 110 et 114 de la loi fondamentale, Tshombe ne serait pas devenu du tout président de la province et n'aurait pas été en mesure de proclamer la sécession du Katanga.

Mais le jeu politique fonctionnant parfaitement au parlement dans la toute jeune démocratie, un leader charismatique et un nationaliste intransigeant en la personne de Patrice Emery Lumumba représentait un danger pour l'Occident. D'où la nécessité de le faire disparaitre de la scène politique pour garantir les interêts économiques et stratégiques des pays occidentaux; une mission que la CIA avait accomplie en l'assassinant trois jours avant l'investiture du président américain John Kennedy en 1961.

Ayant réussi à se débarasser des nationalistes comme Patrice Lumumba et Nkwame Nkrumah, l'Occident procède alors à l'installation des dictatures en Afrique en placant au pouvoir des officiers militaires pour la plupart. Pour le Congo-Kinshasa, tous les moyens seront mis à la disposition du Général Joseph Mobutu, lequel figurait déjà sur la liste de paie de la CIA, pour exécuter un deuxième coup d'Etat militaire en 1965. Ses tuteurs occidentaux l'assisteront à asseoir son pouvoir dictatorial durant 32 ans jusqu'au moment où ils décidèrent de le remplacer par un ancien rebelle, Laurent Désiré Kabila, en 1997. Ce dernier, aussi un nationaliste intransigeant sera remplacé par un jeune officier "Joseph Kabila" (Hypolite Kanambe de son vrai nom), un imposteur rwandais (tutsi) imposé par l'Occident en 2001. Et après avoir rédigé à Liège, en Belgique, une constitution sur mesure de ce monstre qu'elle venait de créer, la communauté internationale organisera un semblant d'éléctions présidentielles en 2006 dans le seul but de légitimer le pouvoir issu d'un coup d'Etat militaire.


La réapparition miraculeuse sur la scène politique du lider maximo, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, président de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) venait malheureusement de brouiller les cartes pour les éléctions prévues pour 2011. Et la révision constitutionnelle en un temps record, lequel mérite d'ailleurs d'être enregistré dans Guinness book of records, ne pouvant pas seule garantir la victoire de l'imposteur, il fallait aussi planifier la fraude et la tricherie. Mais la vérité des urnes ayant tranché en faveur du candidat du peuple, Etienne Tshisekedi, il ne restait plus qu'à la Commission Electorale Nationale "Indépendante" (CENI) d'organiser le hold-up éléctoral.


Il n'est donc pas étonnant de constater que cette communauté internationale qui ne vise que ses interêts puisse rester très silencieuse et indifférente aux atrocités quotidiennes commises au vu et au su de tout le monde par un régime sanguinaire qu'elle veut absolument maintenir au pouvoir en sacrifiant le verdict des électeurs congolais pour la "stabilité", car elle a tout à perdre. Elle joue au chronomètre et mise sur la fatigue du président élu de la République Démocratique du Congo, Etienne Tshisekedi, aussi un autre leader charismatique et un nationaliste intransigeant, avancé en age, et qui demeure le seul et unique espoir pour la libération de son peuple.


Mais la communauté internationale se trompe! Qu'elle se souvienne surtout de la déclaration courageuse et peu diplomatique d'un jeune combattant mettant en garde les ambassadeurs de Belgique, France et Grande Bretagne qui avaient été dépêchés par leurs gouvernements respectifs à la résidence du candidat du peuple à Limete pour implorer son secours afin de calmer la diaspora congolaise au moment où le "Pasteur" Ngoy Mulunda, président de la CENI, proclamait des résultats provisoires contraires à la vérité du scrutin présidentiel.
Une parenthèse : cette visite diplomatique s'est avérée ridicule dans la mesure où les manifestants sont des citoyens belges, français, britanniques, etc., et les dirigeants occidentaux auraient pu recourir uniquement aux députés qui représentent ces contribuables et faire appel à la police ou saisir, en cas de violence, les institutions judicaires compétentes! La mission a en plus révélé le caractère raciste qui motive les décisions abérrantes de ces dirigeants occidentaux. Ont-ils recouru à André Sakharov pour calmer les européens, y compris les soviétiques, qui manifestaient dans les rues de Bruxelles, Paris, Londres, etc?


La diaspora congolaise vient donc d'identifier la faiblesse de cette communauté internationale qu'elle doit absolument exploiter. Et la stratégie doit consister à organiser fréquemment des manifestations publiques et pacifiques dans les rues des capitales occidentales pour sensibiliser l'opinion publique et la contraindre de faire pression sur ses propres dirigeants qui commettent des crimes en son nom.


Enfin, le peuple congolais ne doit pas se laisser distraire par la comédie de la prestation de serment de "Joseph Kabila" qui a tenté de clôturer l'élection présidentielle rocambolesque de 2011 et à laquelle la communauté internationale a été associée.

chryso45@hotmail.com

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