Thursday, May 10, 2012

Un Congolais parle de Matata Ponyo
Par Chryso Tambu, publié le 10 mai 2012


Lors d'une rencontre sociale entre Congolais, un jeune homme intervient dans une conversation et déclare avec enthousiasme que Matata Ponyo - qu'il prétend connaître intimement - est un homme "intelligent et honnête". Il n'a pas commenté davantage sur cet ancien fonctionnaire de la Banque centrale du Congo devenu ministre des Finances du gouvernement Muzito en 2010. Son assertion à propos du ministre promu "Premier ministre" est-elle justifiée?

Il est prudent de supposer que le jeune homme juge Matata Ponyo par rapport à sa carrière d'abord à la Banque centrale et ensuite au ministère des Finances. Rien de remarquable ne ressort de son passage à la Banque centrale. Mais à peine 4 mois à la tête du ministère des Finances, il est déjà "fier d'un parcours sans faute", selon l'interview qu'il accorde à Colette Braeckman du journal Le soir le 29 juin 2010 et au cours de laquelle ce "grand argentier du Congo" lui fait un numéro de prestidigitation basée sur la manipulation des données économiques que Madame la journaliste n'a pas osé défier! En l'absence d'une contestation, il s'est permis de se réjouir d'un résultat qui, d'après lui, a dépassé les prévisions pessimistes du FMI et de la Banque mondiale" - évidemment il faut rassurer et plaire aux tuteurs occidentaux qui dirigent ces deux outils néo-colonialistes - alors que cela ne s'est pas traduit en une amélioration des conditions de vie de la population qui croupit dans la misère. Pour le financement des cinq chantiers qu'il trouve satisfaisant, Vital Kamerhe, l'honorable William Canon et une poignée de politiciens ont eu le courage de dénoncer la corruption dans l'attribution des contracts et l'exagération dans la facturation particulièrement du Boulevard du 30 juin!

Parmi ceux qui semblent aussi le connaître sont ces individus qui affirment que sa nomination à la primature est liée à ses origines et sa loyauté au PPRD - le parti de l'imposteur - plutôt qu'à sa qualité de "technocrate". Ils refusent de lui attribuer le succès de la remise d'une partie de la dette laquelle, d'après eux, était déjà conclue au moment où ce fonctionnaire de la Banque centrale a occupé le bureau du ministre des Finances. Cependant, ils lui reconnaissent l'introduction de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) au Congo-Kinshasa. Une taxe ridicule étant donné que l'économie est quasiment basée sur l'informel et inconcevable lorsqu'on se rend compte qu'il s'agit réellement d'une double imposition punitive à une population déjà surtaxée sous d'autres formes, telles que l'inaccessibilité à l'eau potable, à l'électricité, aux soins médicaux, à l'enseignement et l'indisponibilité d'un système de transport en commun, pour ne citer que ces quelques besoins élémentaires.

Par ailleurs, Matata Ponyo reste muet à ce jour au sujet du crash de l'avion à destination de l'île de Idjui, au milieu du Lac Kivu, et qui avait à son bord une délégation des "hommes les plus influents au Congo" dont feu Katumba Mwanke - seul à trouver la mort avec l'impact de l'accident - et lui-même alors qu'il s'agissait d'une mission privée qu'une dépêche du journal Le soir a qualifié de "juteuse opération immobilière" impliquant l'héritier Bertrand Bisengimana, fils de l'ancien directeur du bureau du feu maréchal-dictateur Mobutu Sese Seko. Dans son article "le secret de la lointaine visite d'un aéropage de VIP congolais avortée par un crash aérien dimanche se trouve sur l'île d'Idjui", du 15 février 2012, Colette Braeckman rapportait que la présence de Matata Ponyo, alors ministre des Finances, s'expliquait par une démarche de "réinvestir au plus vite le reliquat de fonds affectés à la campagne électorale". Et pour éviter la fuite d'informations et procédant au cover-up, sur ordre de la "hiérarchie", d'après une source digne de foi, à l'exception de Bertrand Bisengimana qui, lui, très curieusement, avait été transporté à Kigali, tous les blessés ont été évacués vers l'Afrique du Sud, y compris le gouverneur du Sud-Kivu qui s'est d'ailleurs plaint du fait que son état de santé ne nécessitait pas un tel déplacement. Ce silence de Matata Ponyo qui n'a rien à voir avec le cours normal d'une enquête de l'accident ne relève-t-il pas de la malhonnêté?

Une parenthèse. L'événement prendra une nouvelle tournure en Afrique du Sud avec la mort mytérieuse quelques jours plus tard d'un autre membre de la même délégation, l'honorable Oscar Gema - connu pour son franc-parler et, certes, un témoin génant - alors qu'il était hors du danger, presque totalement rétabli et parlait normalement avec ses proches!

Matata Ponyo feignt d'ignorer une simple réalité au sujet de sa nomination à la primature. Elle est illégale. Elle est issue de la fraude, d'un hold-up électoral, c'est à dire un troisième coup d'Etat de Hypolite Kanambe alias Joseph Kabila avec la complicité de la communauté internationale, notamment la Belgique qui a tenté de donner à son patron d'imposteur une légitimité internationale par son ministre des Affaires étrangères avec sa visite au Congo-Kinshasa en mars dernier et sa campagne médiatique en Europe durant laquelle il a répété sans cesse son mensonge satanique selon lequel le rapport du centre Carter, particulièrement, "ne remettait pas en cause l'ordre d'arrivée des candidats pour l'élection présidentielle" sachant bien que les résultats tels que publiés par la CENI manquaient de crédibilité! Comment est-ce possible que le manque de crédibilité équivaut à la victoire de l'imposteur? Et si Matata Ponyo est réellement intelligent et honnête, il aurait dû se rendre compte entre autres de cette erreur grammaticale fraglante dans la phraséologie au sujet de l'interprétation érronée mais délibérée de la conclusion du rapport du centre Carter par Didier Reynders et les autres  qui ont chanté en choeur la même strophe en laissant tomber expressément l'adverbe "nécessairement" pour l'adapter à leur logique! Cependant, il a lui aussi choisi - pour la deuxième fois avec la nomination à la primature - de cautionner l'imposture, l'occupation, la fraude, l'illégimité, l'illégalité, la violation des droits de l'homme et le cycle de violence devant la légitimité des revendications du peuple et de l'Eglise catholique ,particulièrement, pour la vérité des urnes, la justice, la démocratie, la liberté, et l'Etat de droit.

Le jeune homme peut-il encore prétendre que Matata Ponyo est un homme "intelligent et honnête"?


chryso45@hotmail.com