Monday, April 30, 2012

L'irresponsabilité des élites congolaises
Par Chryso Tambu, publié le 30 avril 2012

Depuis un temps, le peuple congolais aspire au changement. Si cela s'est particulièrement manifesté lors de la mascarade des élections présidentielles en 2006, l'année 2011 a éte plus déterminante. Mais, malheureusement, il a été déçu par l'imposture avec Hypolite Kanambe alias Joseph Kabila - le bébé éprouvette de Louis Michel avec une identité fabriquée de toutes pièces (voir dans l'archive du mois d'avril 2012 de ce même blog l'article "Joseph Kabila", un rwando-tanzanien à la tête de la République "Démocratique" du Congo!) et adopté par la communauté internationale - qui a réussi son 3ème coup d'Etat avec le hold-up électoral de l'année dernière. Malgré cette bataille gagnée par l'imposteur, le changement est encore possible mais à condition que tous les Congolais participent très activement au processus qui doit conduire le pays à atteindre cet objectif. Pendant que les politiciens, l'Eglise catholique et ceux au "bas de l'échelle sociale" jouent déjà leurs rôles, les élites congolaises entravent le processus au point de le paralyser.

Il est d'abord important de définir l'élite congolaise. Dans ce contexte particulier, il s'agit tout simplement de tout individu - quelques soient sa profession, sa tâche, son statut social et ses origines - qui jouie d'un privilège qui le rend indifférent à la cause générale. On retrouve d'une part des élites qui sont totalement opposées au changement pour la simple raison qu'elles risquent toutes de perdre leurs privilèges et d'autre part celles qui espèrent ou souhaitent le changement mais refusent de s'y investir. La première catégorie est minoritaire et représente une masse négligeable tandis que la deuxième est majoritaire et constitue une force à craindre.

Mais cette deuxième catégorie d'élites congolaises ne se sent-elle pas assez concernée pour rejoindre le peuple dans son combat pour la liberté, l'Etat de droit et la démocratie? Ne semble-t-elle pas complaisante à l'imposture? Est-elle insensible au viol des femmes et des filles, au génocide, à la répression et autres violations des droits de l'homme au point d'adopter un laxisme vis-à-vis de  l'imposture et l'occupation? Ignore-t-elle la gravité de la situation - celle qui tend vers la balkanisation - que traverse le Congo-Kinshasa dont les ressources sont pillées par les puissances occidentales avec la complicité de leurs proxies - le Rwanda et de l'Ouganda?

Il faut souligner que les élites congolaises qui sont pourtant favorables au changement sont ses véritables obstacles avec l'inertie. Et le danger pour ces élites est qu'elles risquent de se confondre avec celles qui sont totalement opposées au changement et qui portent le sobriquet générique de "collabos". Lorsque le peuple tente, par exemple, de protester dans les rues de la capitale pour réclamer la vérité des urnes pour l'élection présidentielle de novembre dernier qui s'est transformée en une sélection présidentielle avec le hold-up électoral organisé par la Commission Electorale Nationale "Indépendante" (CENI) et certifié par la cour suprême de "Justice", elles ne s'associent pas à la manifestation alors que leur participation aurait fait toute la différence!

L'histoire nous a toujours démontré l'efficacité d'une grève pour la révendication des droits. Les élites congolaises peuvent adopter cette même stratégie pour paralyser rien que la ville de Kinshasa - la capitale - et susciter ce changement. L'électricien Lech Walesa n'a-t-il pas réussi à faire échec au communisme totalitaire en Pologne en lancant un appel à la grève? Même plus récemment avec la grève des juristes au Pakistan, n'a-t-elle pas conduit à la chute du général président Pervez Musharraf en 2008? Les élites congolaises n'ont peut-être pas le courage de descendre dans la rue comme l'ont fait ces juristes pakistanais, mais elles peuvent organiser, par exemple, la grève de toute l'administration publique en demandant aux fonctionnaires tout simplement de ne pas se rendre à leurs lieux de travail! N'est-ce pas là une façon de rendre le pays ingouvernable?

Malgré la distance, les élites congolaises de la diaspora ne peuvent pas être épargnées. Malheureusement nombreuses sont celles qui sont dans l'illusion d'une sécurité basée sur un privilège tiré particulièrement de leur profession ou emploi et se résignent. Il est très regrettable que les diplomates congolais qui assurent la représentation de "la RD Congo" n'ont pas emboîté le pas de trois de leurs collègues en poste à Londres qui ont eu le courage de rompre avec l'imposture et l'occupation en démissionnant suite au hold-up électoral de novembre dernier. De même, cette réalite échappe à ces élites dont la carrière dépend de "leur calme" au sein des organisations internationales - l'Organisation des Nations Unies (ONU), la Banque Mondiale et Le Fonds Monétaire International (FMI) - lesquelles avaient été transformées, par un déviationisme flagrant, en outils néo-colonialistes par les puissances occidentales. D'aucuns n'ignorent, par exemple, l'échec de la mission des troupes des Nations Unies installées depuis plus de dix ans dans le Kivu à l'est du Congo-Kinshasa ou une série de mesure d'austérité injustifiée tel que le programme d'ajustement structurel initié par la Banque Mondiale dans les années 80 ou encore les prêts de nature politique accordés par le FMI pour soutenir les dictatures du tiers-monde, notamment le Congo-Kinshasa, avec toutes leurs ramifications sur la vie sociale de la population.

Toutes les élites congolaises - lesquelles semblent être des opportunistes - seraient-elles convaincues d'être en mesure de "négocier" leur destin au moment opportun? Certainement, elles devront toutes assumer leur responsabilité devant l'histoire!

Qui dit mieux?


chryso45@hotmail.com

2 comments:

  1. Votre article sur l'irresponsabilité des élites congolaises et plus particulièrement, de la diaspora m'incite à un commentaire. Cette catégorie-là n'est pas complaisante à l'"imposture" et n'est pas insensible au combat pour la liberté. Emigrée, pour la plupart, dans des pays de "droit", elle a pleine conscience de l'intérêt de l'instauration d'un état democratique en RDC. Certes, ces dernières élections ont paru contestées et contestables mais il y a lieu de pointer que les élites de l'opposition ont fait le jeu de la majorité et ont favorisé, par leur impréparation, la perpétuation du système décrié. Après le constat, il faut avancer et malheureusement, en tenant compte des forces en présence. Il est plus que temps de jouer le jeu de l'opposition véritable en contrant la mégestion institutionalisée et en instillant les vraies valeurs de la République. A l'intérieur du système. Certes, s'opposer à ces pseudos pouvoirs constitue une tâche titanesque mais à force de tergiverser, ces pseudos pouvoirs se renforcent et tendent à devenir la norme. Les contrer nécessite un grand travail avec la base, les congolais d'en bas et médians (éducation, sensibilisation à des concepts socio-politiques, adhésion à un projet, ...) car sans cela, cette même base peut se sentir menacée par les grands bouleversements venus d'ailleurs. Aussi faut-il opérer en douceur. C'est long, c'est dur ...mais c'est une des voies à considérer pour briser le cycle des rébellions qui n'ont d'autres buts que de freiner l'expansion du pays. le 1er combat est culturel. Un puit sans fond dont on ne peut se permettre d'en faire l'économie. Il est temps, après la politisation à outrance de la chose publique, de passer à la phase de moralisation. Et à ce niveau, la remise en question est générale, du sommet à la base de notre société.

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  2. LA MESSE DU 22/06/2012 A LA CATHEDRALE NOTRE DAME DU CONGO N A PAS ETE ORGANISE A L INITIATIVE DE L UDPS MAIS DE LA MPP DONT L ORGANISATEUR EST EUGENE DIOMI NDONGALA. ELLE FUT ORGANISEE POUR COMPATIR AVEC LES POPULATIONS MARTYRISEES DE L EST ET ELLE A VU LA PRTICIPATION DU PRESIDENT TSHISEKEDI. D AILLEURS, LA MESSE TERMINE, LE PRESIDENT TSHISEKEDI DONNA LA PAROLE AU PRESIDENT DIOMI NDONGALA LUI-MEME QUI AVAIT TENU UN DISCOURS TRES DUR ENVERS LE POUVOIR ISSUD E LA FRAUDE ELECTORALE. D AILLEURS, EUGENE DIOMI NDONGALA CROUPIT DANS LES GEOLES DE L ANR JUSQU A PRESENT AUSSI POUR CETTE INITIATIVE DE LA MESSE DU 22/06.
    VERITE ET JUSTICE POUR LE CONGO

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