Saturday, April 7, 2012

Herman Cohen, un vuvuzélateur de la communauté internationale!
Par Chryso Tambu, publié le 11 janvier 2012

Répondant, la semaine dernière, à une question d'actualité à propos de la République "Démocratique" du Congo au cours de l'émission télévisée Washington Forum sur la voix de l'Amérique, l'ancien sous-secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires africaines, monsieur l'ambassadeur Herman Cohen a déclaré "...Kabila doit rester président; on ne peut pas changer maintenant. Il faut qu'il se débarasse de tout son entourage corrompu et commence un programe de réforme...armée et après gouvernementale pour que les revenus de toutes les mines, de tous les minerais passent dans le budget pas dans les poches privées". Si cette déclaration est sincère, elle est alors naïve; sinon, elle dénote de l'hypocrisie et ne peut que provoquer l'indignation.


Bien que l'ancien diplomate américain ait pris sa retraite du gouvernement depuis 1993, il est resté très actif en suivant la tradition de plusieurs autres hauts fonctionnaires ou dignitaires. Il est devenu lobbyiste et est co-fondateur de la firme Cohen and Woods International. Cette firme a représenté les intérêts du gouvernement zimbawéen dirigé par Robert Mugabe, un autre dictateur et "tricheur de la République" et l'unique chef d'Etat à assister au théâtre de prestation de serment de l'imposteur "Joseph Kabila".


Le problème de Monsieur Cohen - encore une fois avec l'hypothèse que ses propos soient sérieux -  c'est d'observer la politique congolaise à travers la lentille américaine. Aux Etats-Unis, lorsqu'un président devient impopulaire durant son mandat de quatre ans, il ne peut être sanctionné que par la voie des urnes à la prochaine éléction présidentielle. Mais les citoyens qui vont aux urnes pour les élections législatives échelonnées sur deux ans (durant la mi-parcours du mandat présidentiel)peuvent saisir cette opportunité pour lui envoyer indirectement un message fort et clair de leur désapprobation qui se traduit par la perte de sièges pour son parti au Congrès des Etats-Unis. Ayant réussi à lui faire endosser toute la responsabilité de la défaite, le président procède alors - presque immédiatement - au remplacement d'une bonne partie de son équipe de conseillers proches, son entourage à la maison blanche que les électeurs tiennent directement responsable. Il ne s'agit donc pas d'un remaniement ministériel, mais plutot d'un changement qui peut inclure parfois ou même très souvent le chef de cabinet du président lequel formule et coordonne la politique de l'administration.


Dans la conception américaine, il s'agit d'un système de gouvernement où le jeu politique fonctionne parfaitement (relativement) dans la logique démocratique avec la doctrine de séparation des pouvoirs étroitement alignée au principe d'un système d'équilibre des pouvoirs (checks and balances).


Cependant, la réalité en RD Congo est toute autre. La séparation des pouvoirs est une illusion; et le système d'équilibre des pouvoirs est bien sûr inexistant. La Constitution (rédigée à Liège, en Belgique), laquelle a très curieusement échappée à la vigilance des juristes Congolais, a servi de piège pour faciliter l'installation de la tyrannie. Et le changement cosmétique que monsieur l'ambassadeur suggère par rapport à la logique américaine est donc absurde! Après tout, l'imposteur a perdu l'élection!


Mais, Herman Cohen n'est pas naïf et son apparition n'est pas une coincidence non plus. Ancien haut fonctionnaire du département d'Etat, ancien ambassadeur au Sénégal et en Gambie, membre de l'académie des diplomates américains, ce lobbyiste (un privé donc) est un joker très bien placé pour faire de la vuvuzélature pour la communauté internationale en ce moment précis où les tuteurs occidentaux de "Joseph Kabila" sont visiblement embarassés - la cours suprême de "Justice" ayant échoué de leur donner une bonne couverture - et ne savent pas sur quel pied danser ou n'osent pas dire tout-haut ce qu'ils pensent tout-bàs!


A propos, les soi-disant experts occidentaux envoyés au front pour "revoir les résultats des élections", c'est de la mascarade et constitue une manoeuvre dilatoire pour freiner l'élan du Président élu de la République Démocratique du Congo, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, qui vient de prêter serment le 23 décembre 2011.


La stratégie a évolué avec l'entrée en jeu de Herman Cohen. Il est moins visible que Bill Richardson qui est retourné récemment de Kinshasa; ce qui ne fait pas nécessairement de sa déclaration la position officielle du département d'Etat ou du gouvernement américain. Mais ses propos tenus à partir de Washington et non loin de la maison blanche ne sont négligeables. Et l'objectif d'arriver à un semblant de gouvernement d'union nationale pour enfin maintenir le statu quo qui profiterait à la communauté internationale n'a pas changé.

Au fait, ce qui est révoltant est que cette communauté internationale s'entête donc à reconnaitre la "légitimité" et la "légalité" de "Joseph Kabila" comme président de la République après une élection qu'elle admet elle-même avoir été bâclée, controversée, emaillée d'irrégularités, etc. Elle espère que la pression extérieure va éventuellement se traduire en une légitimité et une légalité à l'intérieur de la RD Congo avec "Joseph Kabila" demeurant à la tête du pays. Mais ce qui est encore plus révoltant est que, pour ce diplomate transformé lobbyiste, "Joseph Kabila" est saint et n'est pas du tout le problème, alors que personne n'ignore l'existence des cables diplomatiques secrets au sujet de la corruption institutionnalisée en RD Congo rendus publics par Wikileaks et l'impliquant directement.

La démarche de la communauté internationale doit être concentrée sur "Joseph Kabila" qu'elle a imposé au peuple congolais en 2001 et 2006 et le convaincre de dégager, ce qui serait "the right thing to do" avant qu'il ne soit trop tard!


A suivre...

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