Tuesday, April 22, 2014


Wina Lokondo n’a pas compris Honoré Ngbanda!
Par Chryso Tambu, publié le 22 avril 2014

 L’article “Congolais d’origine...”du compatriote Wina Lokondo, publié le 18 avril 2014 sur le site de Congo indépendant, aurait pu être intitulé autrement car il s’agit, semble-t-il, d’une objection addressée implicitement  au président de l’Alliance des patriotes pour la refondation du Congo (APARECO), Monsieur  Honoré Ngdanda Nzambo ko Atumba, suite à son interview du 12 avril dernier sur Congo Horizon au cours de laquelle il remettait en cause la nationalité “congolaise” de MonsieurVital Kamerhe.  Tenant des propos similaires à ceux de l’ancien président de l’Assemblée nationale, cet habitué de Congoindependant.com vient à son tour de rejoindre Mama Kamerhe dans sa tentative de défendre son fils plutôt devant la cour de l’opinion publique. 

Se plaignant d’une soumission éventuelle à un “exercice rédactionnel”, Wina Lokondo souligne que le leader de l’Apareco “a sans doute voulu", par sa note biographique, "prouver sa congolité” par rapport à l’article 6 de la loi congolaise  sur la nationalité. Notons qu’il s’agit plutôt de l’article 10 qui stipule  “Est congolais d’origine, toute personne appartenant aux groupes éthniques dont les personnes et le territoire constitutaient ce qui est devenu le Congo (présentement la République Démocratique du Congo) à l’indépendance”. Ensuite, par rapport à  l’article 24 de la même loi excluant cependant les naturalisés congolais de l’excercice de certaines fonctions publiques, il pose la question de savoir quelles seraient ces fonctions et pour quelles raisons.  

 Mais pourquoi pose-t-il le problème seulement maintenant alors que cette constitution tyrannique taillée sur mesure de l’imposteur rwandais Hypolite Kanambe alias “Joseph Kabila” existe depuis 18 février 2006 et que la loi organique limitant les droits des naturalisés congolais, elle, existe depuis l’époque du Mouvement populaire de la révolution (MPR)? Et lorsqu’il écrit  “le discours identitaire, celui sur les “origines”, est de plus en plus présent dans l’arène politique congolaise “, reconnaît-il, lui, la nationalité congolaise d’origine à “Joseph Kabila” alors que Monsieur Honoré Ngbanda avait déjà tiré la sonnette d’alarme dans le magazine Jeune Afrique numéro 323 du 15 janvier 2001?  

The banana is in the pudding. Autrement dit: la réponse à la question de Wina Lokondo est évidente. Sinon, qu’il lise alors l’article “La nationalité congolaise” publié le 4 octobre 2011 par le rédacteur de ces lignes. Et il peut le retrouver dans les archives d’avril 2012 de ce même blog. 

Lorsque ce compatriote mentionne plus loin “Il y a ainsi lieu de faire très attention  au recours au discours identitaire, et surtout à son instrumentalisation en politique, de s’interdire d’agiter, sans raison, des épouvantails”, ignore-t-il vraiment que les viols et les massacres particulièrement à l’Est du Congo-Kinshasa font partie d’un terrorisme d’Etat dont le  commanditaire se trouve au sommet de l’Etat congolais et reçoit des orders de Kigali? Ce qui est regrettable est qu’avec un tel langage, Wina Lokondo soutient encore l’hypothèse selon laquelle la situation à l’Est du pays trouve ses racines dans un conflit intra-tribal et non une aggression rwandaise et/ou ougandaise. Plus grave encore, il ignore ainsi l’existence du M23 – une milice soutenue par Paul Kagame et son gouverneur  “Joseph Kabila” - alors que plusieurs rapports des Nations Unies ont fini par identifier clairement les responsables.  

Une première parenthèse. Très récemment, bien qu’il s’agissait d’une mascarade d’élection présidentielle en 2011, le soutien – au niveau de la diaspora ainsi qu’à l’intérieur du pays et tous tribus confondues – apporté à Monsieur Etienne Tshisekedi wa Mulumba lors de sa campagne est une preuve que les Congolais ont été capables et sont capables de se réunir librement pour une cause, malgré leurs origines différentes, autour d’un mwana mboka.  Et le cas du Congo-Kinshasa est différent de celui de la Côte d’Ivoire avec “l’ivoirité” (pour ne parler que de celui-là) en ce sens que les Congolais ont affaire à un individu qui prétend être Congolais d'origine mais n’est pas en mesure de le prouver et que ses documents académiques tiennent lieu d'évidences qui indiquent bien qu'il avait une nationalité étrangère au moment où il a terminé ses études. Même si plus tard il aurait eu la naturalisation, toute ambition politique lui est interdite par la loi.

Par ailleurs,  faisant allusion à un jugement érroné et injuste que l’on porte sur un naturalisé congolais, Wina Lokondo écrit “…la fidélité à celle-ci [la nation] n’est pas constatée par des actes , mais présumée acquise par la simple appartenance à la tribu, appartenance reflétée notamment par la consonance du nom…” Et, sous une forme de question,  de surrenchérir  “L’article 24 précité serait-il le paravent officiel à la traîtrise que contiendrait l’AND du Congolais venu d’ailleurs, le non originaire?”. Enfin, répondant lui même à la question, il tire la conclusion suivante:  “L’histoire de la RDC – émaillée des faits, bien nombreux, de pillages et de trahisons du pays par de prétendus Congolais de “souche” – contredit cette stigmatization légale du Congolais de nationalité “d’acquisition, condamné à demeurer un citoyen de seconde zone n’ayant pas voix à tous les chapitres”. 
 
Non, cher compatriote! Sans défendre, encore une fois, cette constitution tyrannique rédigée à Liège et qui a échappé à la vigilance des juristes congolais, et pour compléter Monsieur Honoré Ngbanda qui élaborait sur la notion de la souvaireneté d’un pays ou un Etat lors de sa dernière interview, il est utile de revoir le cas d’un pays d’une stabilité politique qui bat tous les records du temps moderne mais où on a retrouvé jusqu’en 1964 des citoyens de deuxième classe après l’abolition de l’esclavage et qui n'est autre que la République des Etats-Unis. Appréciant les mérites de la Consitution américaine, un Américain né des parents américains (des autochtones) mais en dehors du territoire américain - c’est le cas de l’actuel gouverneur de l’Etat de Michigan  - ne se considère en aucun cas citoyen de deuxième classe ou de “seconde zone” malgré que l'ambition à la magistrature suprême lui soit désormais interdite. La loi, c’est la loi. Par patriotisme, elle est respectée. 227 ans après sa promulgation, personne n’a tenté de la modifier. Et pour comprendre la nécessité ou la raison d’une telle loi, il n’est pas du tout érroné d'estimer qu’après avoir arraché l’indépendance de l’Angleterre, les pères fondateurs de la République des Etats-Unis réunis à la Convention constitutionnelle à Philadelphie le 27 mai 1787 et “souffrant” encore des sequelles d’une colonisation atroce tentaient peut être de prévénir une trahison au plus haut sommet de l’Etat éventuellement avec une infiltration dissimulée organisée de l’extérieur. 

Une deuxième parenthèse. La fille de Wina Lokondo, celle qui a choisi la nationalité belge, certes ne représente pas - aux yeux de son père - un danger pour la Belgique. Cependant plusieurs expériences prouvent que le cas de sa fille n'est pas la règle. Un officier supérieur de l’armée américaine, le major Hassan, un naturalisé américain et un musulman, ne semblait pas non plus représenter un danger pour la sécurité nationale américaine jusqu'au moment où il a tiré - au nom de sa religion - sur ses compatriotes à Fort Hood, dans l’Etat du Texas pour se venger contre sa nouvelle patrie en 2009. Et les deux jeunes gens, aussi des immigrés naturalisés américains et aussi des musulmans, n’ont pas hésité à tuer leurs compatriotes au cours d’un marathon à New York l’année dernière. Enfin, l’ancien président du Péru, Alberto Fujimori, avait lui revendiqué ses origines japonaises pour combattre son extradition. 

Il faut noter que le compatriote Wina Lokondo se perd dans son raisonnement ou oublie simplement de placer les faits dans leur contexte. Certes, les “prétendus Congolais de souche”  ne doivent pas être épargnés. Et personne ne conteste leurs défauts. Mais ici, ayant identifié l’enemi, ces Congolais d’’origine  ont le droit, la responsabilité, la raison et même l’obligation de le chasser surtout qu’ils viennent de découvrir, un peu tardivement malheureusement, qu’il s’agit d’un imposteur venu de l’autre rive de la Rivière Ruzizi en Octobre 1996 et pendant tout ce temps, et en violation des lois du pays, il a oeuvré par déception entre autres se faisant passer pour un fils biologique de Laurent Désiré Kabila. Et maintenant, le danger resurgit avec un autre étranger plus connu pour sa malhonnêté que  son éloquence, un rwandais répondant au nom de Vital Kamerhe et qui a déjà démarrer sa campagne électorale pour 2016  sous la couverture d’une  mascarade de “caravane de la paix”, profitant ainsi de la naiveté des Congolais.   

A lire attentivement Wina Lokondo, on constate qu’il ne s’arrête pas à une simple objection. On a l’impression que cet intellectuel qui fait la fierté de sa région de l’Equateur, s’est déjà engagé dans un pseuso-lobbying en plaidant plutôt pour la cause des étrangers - une démarche insolite au moment où le pays est exposé au danger imminent d'une balkanization et demeure sous occupation. Il est convaincu que seule une naturalisation des étrangers avec tous les droits, et sans exception, représente le salut pour les Congolais d’origine. Et il avance comme argument, entre autres, les réalisations de ces étrangers dont les immeubles qui poussent comme des "champignons" et “contribuant à la modernité”!  

Mais si cela est vrai et qu’il faut donc prêcher l’évangile selon “Saint Lokondo”, comment explique-t-il alors qu’avec “Joseph Kabila” - un immigré illegal rwandais auto-naturalisé congolais mais qui est cependant arrivé au sommet de l’Etat - le Congo-Kinshasa se trouve en feu depuis 2001 avec un bilan lourd de plus de 8 millions de morts? Quant aux étrangers qui sont des collègues de José Makila - le beau-frère de Vital Kamerhe - et qui siègent à l'Assemblée nationale, ont-ils réussi à soulager le quotidien du Congolais d’origine qui vit en toute insécurité? 

Une troisième parenthèse. Ces immeubles qui semblent fasciner Wina Lokondo profitent-ils aux Congolais d’origine? Ne sont-ils pas construits dans une zone d’Apartheid pour ne servir que les étrangers. Et s’ils ne sont pas limités qu’aux étrangers, le Congolais d’origine ordinaire en a-t-il accès avec son maigre salaire s’il en a un? 

A propos de Georges Forrest, William Damseaux et consorts, Wina Lokondo ignore encore une autre realité pourtant évidente et qui est la suivante: le seul et unique objectif de tout homme d’affaires est la maximisation du profit. S’ils peut le réaliser ailleurs, il n’hésiterait un seul instant pour prendre place à bord du premier avion et quitter le Congo-Kinshasa. Mais si ces étrangers ont réellement le souci des Congolais et veulent vraiment contribuer à l’amélioration de leur vie ainsi qu'au développement du Congo-Kinshasa, comme il le prétend, que peuvent-ils alors faire mieux avec une naturalisation qui leur donne tous les droits qu’avec leur présent statut? 

Notre ndeko qui est à Mbandaka fonde son raisonnement ou son argumentation sur de fausses prémisses. Ce n’est pas parce que les Congolais d’origine ont trahi que la solution est d’accorder d'office tous les droits aux naturalisés congolais parce que ces derniers ne vont jamais trahir. Si une telle suggestion est sérieuse, elle relève de la naiveté. Mais s’il s’agit de l’humour, il est alors de mauvais goût.

Wina Lokondo a besoin de suivre de nouveau l’interview du president de l’Apareco. Il sera enfin édifié!