Wina Lokondo n’a pas compris Honoré Ngbanda!
Par Chryso Tambu, publié le 22 avril 2014
Se plaignant d’une soumission éventuelle à un “exercice
rédactionnel”, Wina Lokondo souligne que le leader de l’Apareco “a sans doute voulu", par sa note biographique, "prouver sa
congolité” par rapport à l’article 6 de la loi congolaise sur la nationalité. Notons qu’il s’agit plutôt
de l’article 10 qui stipule “Est
congolais d’origine, toute personne appartenant aux groupes éthniques dont les
personnes et le territoire constitutaient ce qui est devenu le Congo
(présentement la République Démocratique du Congo) à l’indépendance”. Ensuite, par
rapport à l’article 24 de la même loi
excluant cependant les naturalisés congolais de l’excercice de certaines
fonctions publiques, il pose la question de savoir quelles seraient ces
fonctions et pour quelles raisons.
Mais pourquoi
pose-t-il le problème seulement maintenant alors que cette constitution
tyrannique taillée sur mesure de l’imposteur rwandais Hypolite Kanambe alias “Joseph
Kabila” existe depuis 18 février 2006 et que la loi organique limitant les droits
des naturalisés congolais, elle, existe depuis l’époque du Mouvement populaire de la
révolution (MPR)? Et lorsqu’il écrit “le
discours identitaire, celui sur les “origines”, est de plus en plus présent dans
l’arène politique congolaise “, reconnaît-il, lui, la nationalité congolaise
d’origine à “Joseph Kabila” alors que Monsieur Honoré Ngbanda avait déjà tiré
la sonnette d’alarme dans le magazine Jeune Afrique numéro 323 du 15 janvier
2001?
The banana is in the pudding. Autrement dit: la réponse à la
question de Wina Lokondo est évidente. Sinon, qu’il lise alors l’article “La nationalité
congolaise” publié le 4 octobre 2011 par le rédacteur de ces lignes. Et il peut
le retrouver dans les archives d’avril 2012 de ce même blog.
Lorsque ce compatriote mentionne plus loin “Il y a ainsi lieu de
faire très attention au recours au
discours identitaire, et surtout à son instrumentalisation en politique, de
s’interdire d’agiter, sans raison, des épouvantails”, ignore-t-il vraiment que
les viols et les massacres particulièrement à l’Est du Congo-Kinshasa font
partie d’un terrorisme d’Etat dont le
commanditaire se trouve au sommet de l’Etat
congolais et reçoit des orders de Kigali? Ce qui est regrettable est qu’avec un
tel langage, Wina Lokondo soutient encore l’hypothèse selon laquelle la
situation à l’Est du pays trouve ses racines dans un conflit intra-tribal et
non une aggression rwandaise et/ou ougandaise. Plus grave encore, il ignore
ainsi l’existence du M23 – une milice soutenue par Paul Kagame et son
gouverneur “Joseph Kabila” - alors que
plusieurs rapports des Nations Unies ont fini par identifier clairement les
responsables.
Une première parenthèse. Très récemment, bien qu’il s’agissait d’une
mascarade d’élection présidentielle en 2011, le soutien – au niveau de la
diaspora ainsi qu’à l’intérieur du pays et tous tribus confondues – apporté à
Monsieur Etienne Tshisekedi wa Mulumba lors de sa campagne est une preuve que
les Congolais ont été capables et sont capables de se réunir librement pour une cause, malgré
leurs origines différentes, autour d’un mwana mboka. Et le cas du Congo-Kinshasa est différent de
celui de la Côte d’Ivoire avec “l’ivoirité” (pour ne parler que de celui-là) en
ce sens que les Congolais ont affaire à un individu qui prétend être Congolais d'origine mais n’est pas en mesure de
le prouver et que ses documents académiques tiennent lieu d'évidences qui indiquent bien qu'il avait une nationalité étrangère au moment où il a terminé ses études. Même si plus tard il aurait eu la naturalisation, toute ambition politique lui est interdite par la loi.
Par ailleurs, faisant
allusion à un jugement érroné et injuste que l’on porte sur un naturalisé
congolais, Wina Lokondo écrit “…la fidélité à celle-ci [la nation] n’est
pas constatée par des actes , mais présumée acquise par la simple appartenance
à la tribu, appartenance reflétée notamment par la consonance du nom…” Et, sous
une forme de question, de surrenchérir “L’article 24 précité serait-il le paravent
officiel à la traîtrise que contiendrait l’AND du Congolais venu d’ailleurs, le
non originaire?”. Enfin, répondant lui même à la question, il tire la conclusion
suivante: “L’histoire de la RDC –
émaillée des faits, bien nombreux, de pillages et de trahisons du pays par de
prétendus Congolais de “souche” – contredit cette stigmatization légale du
Congolais de nationalité “d’acquisition, condamné à demeurer un citoyen de
seconde zone n’ayant pas voix à tous les chapitres”.
Non, cher compatriote! Sans défendre, encore une fois,
cette constitution tyrannique rédigée à Liège et qui a échappé à la vigilance
des juristes congolais, et pour compléter Monsieur Honoré Ngbanda qui élaborait
sur la notion de la souvaireneté d’un pays ou un Etat lors de sa dernière
interview, il est utile de revoir le cas d’un pays d’une stabilité politique
qui bat tous les records du temps moderne mais où on a retrouvé jusqu’en 1964 des citoyens de
deuxième classe après l’abolition de l’esclavage et qui n'est autre que la République
des Etats-Unis. Appréciant les mérites de la Consitution américaine, un
Américain né des parents américains (des autochtones) mais en dehors du territoire américain - c’est le
cas de l’actuel gouverneur de l’Etat de Michigan - ne se considère en aucun cas citoyen de deuxième
classe ou de “seconde zone” malgré que l'ambition à la magistrature suprême lui
soit désormais interdite. La loi, c’est la loi. Par patriotisme, elle est
respectée. 227 ans après sa promulgation, personne n’a tenté de la modifier. Et
pour comprendre la nécessité ou la raison d’une telle loi, il n’est pas du tout érroné d'estimer qu’après avoir arraché l’indépendance de l’Angleterre, les pères
fondateurs de la République des Etats-Unis réunis à la Convention
constitutionnelle à Philadelphie le 27 mai 1787 et “souffrant” encore des
sequelles d’une colonisation atroce tentaient peut être de prévénir une trahison
au plus haut sommet de l’Etat éventuellement avec une infiltration dissimulée
organisée de l’extérieur.
Une deuxième parenthèse. La fille de Wina Lokondo, celle qui a choisi
la nationalité belge, certes ne représente pas - aux yeux de son père - un danger pour la
Belgique. Cependant plusieurs expériences prouvent que le cas de sa fille n'est pas la règle. Un officier supérieur de l’armée américaine, le major Hassan, un
naturalisé américain et un musulman, ne semblait pas non plus représenter un danger pour la sécurité nationale américaine jusqu'au moment où il a tiré - au nom de sa religion - sur ses compatriotes à Fort Hood, dans
l’Etat du Texas pour se venger contre sa nouvelle patrie en 2009. Et les deux
jeunes gens, aussi des immigrés naturalisés américains et aussi des musulmans, n’ont pas hésité à tuer leurs
compatriotes au cours d’un marathon à New York l’année dernière. Enfin,
l’ancien président du Péru, Alberto Fujimori, avait lui revendiqué ses origines
japonaises pour combattre son extradition.
Il faut noter que le compatriote Wina Lokondo se perd dans
son raisonnement ou oublie simplement de placer les faits dans leur contexte. Certes,
les “prétendus Congolais de souche” ne
doivent pas être épargnés. Et personne ne conteste leurs défauts. Mais ici,
ayant identifié l’enemi, ces Congolais d’’origine ont le droit, la responsabilité, la raison et
même l’obligation de le chasser surtout qu’ils viennent de découvrir, un peu
tardivement malheureusement, qu’il s’agit d’un imposteur venu de l’autre rive de la Rivière Ruzizi en
Octobre 1996 et pendant tout ce temps, et en violation des lois du pays, il a
oeuvré par déception entre autres se faisant passer pour un fils biologique de
Laurent Désiré Kabila. Et maintenant, le danger resurgit avec un autre étranger
plus connu pour sa malhonnêté que son éloquence, un rwandais répondant au nom de Vital Kamerhe et
qui a déjà démarrer sa campagne électorale pour 2016 sous la couverture d’une mascarade de “caravane de la paix”, profitant
ainsi de la naiveté des Congolais.
A lire attentivement Wina Lokondo, on constate qu’il ne
s’arrête pas à une simple objection. On a l’impression que cet intellectuel qui
fait la fierté de sa région de l’Equateur, s’est déjà engagé dans un
pseuso-lobbying en plaidant plutôt pour la cause des étrangers - une démarche
insolite au moment où le pays est exposé au danger imminent d'une balkanization et demeure
sous occupation. Il est convaincu que seule une naturalisation des étrangers avec
tous les droits, et sans exception, représente le salut pour les Congolais
d’origine. Et il avance comme argument, entre autres, les réalisations de ces étrangers
dont les immeubles qui poussent comme des "champignons" et “contribuant à la
modernité”!
Mais si cela est vrai et qu’il faut donc prêcher l’évangile
selon “Saint Lokondo”, comment explique-t-il alors qu’avec “Joseph Kabila”
- un immigré illegal rwandais auto-naturalisé
congolais mais qui est cependant arrivé au sommet de l’Etat - le Congo-Kinshasa se trouve en feu depuis
2001 avec un bilan lourd de plus de 8 millions de morts? Quant aux étrangers qui
sont des collègues de José Makila - le beau-frère de Vital Kamerhe - et qui siègent à l'Assemblée nationale, ont-ils réussi à soulager le quotidien du Congolais d’origine qui vit en
toute insécurité?
Une troisième parenthèse. Ces immeubles qui semblent fasciner
Wina Lokondo profitent-ils aux Congolais d’origine? Ne sont-ils pas construits
dans une zone d’Apartheid pour ne servir que les étrangers. Et s’ils ne sont
pas limités qu’aux étrangers, le Congolais d’origine ordinaire en a-t-il accès
avec son maigre salaire s’il en a un?
A propos de Georges Forrest, William Damseaux et consorts,
Wina Lokondo ignore encore une autre realité pourtant évidente et qui est la suivante: le
seul et unique objectif de tout homme d’affaires est la maximisation du profit.
S’ils peut le réaliser ailleurs, il n’hésiterait un seul instant pour prendre
place à bord du premier avion et quitter le Congo-Kinshasa. Mais si ces
étrangers ont réellement le souci des Congolais et veulent vraiment contribuer
à l’amélioration de leur vie ainsi qu'au développement du Congo-Kinshasa, comme il le prétend, que peuvent-ils alors faire mieux avec une naturalisation qui
leur donne tous les droits qu’avec leur présent statut?
Notre ndeko qui est à Mbandaka fonde son
raisonnement ou son argumentation sur de fausses prémisses. Ce n’est pas parce
que les Congolais d’origine ont trahi que la solution est d’accorder d'office tous les
droits aux naturalisés congolais parce que ces derniers ne vont jamais trahir.
Si une telle suggestion est sérieuse, elle relève de la naiveté. Mais s’il
s’agit de l’humour, il est alors de mauvais goût.
Wina Lokondo a besoin de suivre de nouveau l’interview du president de l’Apareco. Il sera enfin édifié!
Wina Lokondo a besoin de suivre de nouveau l’interview du president de l’Apareco. Il sera enfin édifié!