Honoré Ngbanda-Nzambo a raison!
Par Chryso Tambu, publié le 5 décembre 2014
Le Congo-Kinshasa
est un Etat-raté. Dans le livre « Stratégie du Chaos et du Mensonge, Poker
menteur en Afrique des Grands Lacs », les co-auteurs Patrick Mbeko et
Honoré Ngbanda-Nzambo, font allusion, eux, à un « Etat-failli ». Toujours
est-il que ce pays - reconnu officiellement, à tort, comme la « République démocratique » du Congo - a échoué. Cet échec était prévisible !
Pendant que plusieurs analystes l’attribuent, pour la plupart, à l’immaturité politique
ou l’impréparation des premiers dirigeants congolais à la gestion de la chose
publique ainsi qu’aux 32 ans de règne du maréchal-dictateur Mobutu Sese Seko, sans épargner les « libérateurs » avec l’arrivée plutôt d’un conglomérat d’aventuriers
que d’un mouvement de libération dénommé l’Alliance des forces démocratiques
pour la libération du Congo (AFDL) « dirigé » par un Congolais
originaire du Katanga, Mzee Laurent Désire Kabila, à qui on a imposé comme fils
un imposteur rwandais « baptisé » « Joseph Kabila » (
Hypolite Kanambe de son vrai nom ) lequel aura comme mission de faciliter l’occupation
avec l’infiltration des Rwandais dans toutes les institutions du pays, Patrick
Mbeko et Honoré Ngbanda identifient, eux, dans les détails et pas les moindres,
les causes profondes de cet échec lesquelles remontent plus loin, voire jusqu’à la conquête du bassin du Congo par le roi des Belges, Léopold II. Et la suite n’est
pas l’histoire ! It is « his » story, c'est-à-dire le récit du
« mundele » ou l’homme blanc lui-même tel qu’il a toujours voulu
le présenter ! Et exposant au grand jour le gros mensonge, ces deux intellectuels
lancent ainsi avec leur ouvrage de 656 pages un défi particulièrement à la
« communauté internationale » laquelle d’ailleurs, comme ils l’ont bien
décrit avec des évidences à l'appui, dispose non seulement des outils néocolonialistes connus
sous le label d’une « organisation des Nations Unies » ainsi que
d’autres organisations internationales, mais aussi des « nègres de
service » ou des sous-traitants dont des rwandais et des ougandais, tous recrutés
directement ou indirectement par les puissances occidentales dans le seul but
de veiller à leurs interêts. Avec cet ouvrage, Patrick Mbeko et Honoré Ngbanda
lancent également un défi à toute l’élite congolaise et l’interpellent !
Dans
l’avant-propos, rappelant le souhait de Patrice Emery Lumumba qui espérait que
l’Afrique puisse elle-même écrire sa propre histoire, le co-auteur Honoré Ngbanda note que « Malheureusement, beaucoup parmi ses contemporains,
africains et congolais, n’ont pas entendu ni compris le sens profond de son cri
de cœur » et ,constatant très regrettablement un laxisme de la part des
intellectuels africains notamment ses compatriotes, d’ajouter « Cinquante
quatre ans après cet appel pathétique en effet, l’histoire du Congo et d’une
bonne partie de l’Afrique continue encore, hélas, d’être pensée, initiée,
commentée, orientée, écrite voire réécrite à partir des officines des pays du
Nord et cela, parce qu’une majorite d’élites politiques africaines refuse ou a
encore et toujours peur d’ecrire sa propre histoire pour la transmettre à sa
postérité ».
Mais pourquoi cette majorité d'élites politiques refuserait ou aurait-elle peur d’accomplir
cette mission? En un seul mot : la culpabilité! En effet, ces
individus ont trahi le peuple. Et un mea-culpa ne garantie toujours pas le pardon de la part des victimes ou n'épargne pas non plus les coupables d'une sanction populaire très sévère. Malheureusement pour eux, la vérité ne pourrit
jamais et se manifeste tot ou tard. Pour le cas du Congo-Kinshasa, des évidences
contenues dans plusieurs documents rendus publics par le
gouvernement américain depuis 2001 et aussi récent que l’année dernière font état, au lendemain de l’ « indépendance » du Congo-Kinshasa,
d’un sabotage planifié au plus haut niveau du gouvernement américain pour torpiller
cette jeune démocratie avec un role particulier et sinistre assigné à chaque
acteur politique congolais. Dans son article « Congo-Kinshasa : US
Role in Lumumba Murder Revealed » publié dans Washington Post et dans
allafrica.com en date du 22 juillet 2002, Stephen R. Weissman révèle que pendant
plusieurs mois, huit politiciens congolais, dont Joseph Kasavubu, Justin Marie
Bomboko, Joseph Désiré Mobutu, Albert Ndele, Joseph Ileao et Cyrille Adoula, ont
tous bénéficié des paiements effectués par la CIA afin d’organiser, dans une première phase, la
desitution du Premier ministre Patrice Lumumba via le Parlement ! Donc,
lorsque le nouveau « roi » du Congo, Joseph Kasavubu, annonce à la
face du monde, un soir du 5 Septembre 1960, la destitution du Premier ministre
Patrice Lumumba, il improvise sous la précipation en procédant plutôt par une
révocation illégale. Et la deuxième phase qui aboutira à l'exécution de Patrice Lumumba et de ses trois fidèles interviendra au Katanga toujours avec le financement de la CIA. Voilà donc des Congolais qui n’auraient jamais songé à écrire pour la postérité étant donné qu’ils étaient tous conscients de toutes les ramifications qui pouvaient s’ensuivre !
Une parenthèse :
A propos de Thomas Kanza que Monsieur Honoré Ngbanda mentionne dans le livre,
il est une exception. Notons que cet ancien ministre chargé de la
représentation du gouvernement du Premier minstre Patrice Emery Lumumba auprès
des Nations Unies est l’auteur de plusieurs ouvrages. Surpris de retrouver tous
ses trois livres à Washington, il s’était empressé, à l’issu d’un long diner dans
l’intimité et en companie de sa charmante epouse, Mama Eugenie, en date du 15 aout
1987, de dédicacer à l’auteur de ces lignes, particulièrement dans celui intitulé « The Rise and Fall of Patrice Lumumba » et sous-titré « Conflict in The Congo » , en écrivant ce qui suit : « …Dans l’espoir que ce livre va lui
rappeler les tristes années de notre histoire ». Voilà un Homme d’Etat et
un intellectuel qui avait non seulement compris son role, mais aussi le
sens de responsabilité ! Effectivement, c’est dommage qu’il n’ait pas eu
le temps de traduire cette œuvre en Français afin d’édifier tous ses compatriotes!
Honoré Ngbanda a enfin
tout dit dans cet ouvrage! Une fois de plus, il interpelle à l’action
toute l’élite politique congolaise qui accompagne le pouvoir d’occupation et
contemple déjà les « élections » de 2016. Mais il faudrait aussi
associer tous les intellectuels congolais, particulièrement ceux qui
intervienent sur la toile et qui, jusqu'à present, prétendent d’une manière ou d’une autre – il suffit de
lire leurs écrits - que l’imposture et l’occupation ne sont qu’une vue de l’esprit
et que le danger d’une balkanisation du Congo-Kinshasa est une illusion, et
leur poser tous la question fondamentale suivante: now what ? Refuser
de repondre a cette question serait faire preuve de lâcheté. Et à cause de la
lâcheté politique de ces intellectuels, tous les Congolais finiront bien par
mériter l’épitaphe collective qu’Oliver Vasselin leur a préparée : « ci-git
un peuple mort de bétise ». Hélas !
chryso45@hotmail.com