Saturday, April 7, 2012

Honorable Gecoco Mulumba, un exemple à suivre!
Par Chryso Tambu, publié le 20 mars 2012

La démission - purement volontaire et audacieuse - est un mot que l'on retrouve rarement dans le vocabulaire des politiciens congolais. La passion pour la politique est motivée par le seul objectif de s'enrichir très vite - frauduleusement - avec la garantie de l'impunité. Dans l'hémicycle de l'"Assemblée nationale" - la jungle nationale - la corruption ou la concussion est institutionnalisée. Ce parlement-croupion fonctionne avec le dollar et rien que le dollar! "It's a new normal". Le breaking news sur la démission de l'Honorable Gecoco Mulumba a donc surpris. Sa décision de quitter ce lieu, laquelle est fondée principalement, d'après lui, sur le refus de siéger à côté de l'ancien premier ministre Adolphe Muzito qu'il traite de "voleur" peut sembler irrationnelle mais ses ramifications ne peuvent pas être ignorées.


Certains observateurs de la politique congolaise estiment que Gecoco Mulumba n'aurait pas du démissionner et aurait dû poursuivre de l'intérieur le combat que lui-même qualifie de "patriotique". Selon leurs déclarations sur radio Okapi en date du 21 février dernier, le professeur André Lubanza de l'Unikin et le porte-parole du MLC, Germain Kambinga, sont parmi ceux qui partagent naivement ou malhonnêtement cette opinion. Cependant, ce inside observer, "honorable pour la deuxième fois", que les électeurs de sa circonscription appellent intimement "Gecoco" et qui connait les dessous des cartes s'est très vite rendu compte qu'on ne pouvait rien attendre de la "nouvelle législature". Pour lui, le combat doit être mené dans la rue en associant directement le peuple ainsi que Congomikili, une des rares presses libres et indépendantes sur le terrain. Voilà toute la logique qui justifie sa démission!

Il est important de souligner qu'il est difficile, mais pas impossible, d'imaginer que "Gecoco" joue le jeu du tricheur maladroit de la République, Hyppolite Kanambe alias Joseph Kabila, lequel, d'après plusieurs observateurs, chercherait à "redorer son blason" en sacrifiant son entourage corrompu comme l'avait suggéré l'ambassadeur Herman Cohen, ancien sous-secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires africaines. S'il en est le cas, cette stratégie est vouée à l'échec. Non seulement le tricheur maladroit de la République aurait maladroitement mis en pratique le plan de ce diplomate américain mais "it's too little, too late"! Une telle stratégie profiterait plutôt à "Gecoco". Mais, pourquoi l'imposteur "Joseph Kabila" n'avait-il pas fait usage de son stylo présidentiel lorsque la constitution tyrannique lui permettait de virer Adolphe Muzito de son poste de premier ministre? Et s'il s'avérait qu'il est derrière cette machination - ce qui serait encore plus ridicule - c'est pour accomplir quoi finalement? Déjà avec son impopularité dans la capitale, ne courrait-il pas davantage le risque de se faire ligoter par les originaires du Bandundu, une province dont l'importance stratégique géopolitique n'est pas à négliger?

Le peuple congolais a l'impression d'assister à une partie d'échecs où Gecoco Mulumba manoeuvre anticipativement sa stratégie contre celle de Adolphe Muzito. Ce dernier - nouvellement sélectionné et nommé à l'"Assemblée nationale" - vient de porter plainte contre "Gecoco" pour ne pas paraître coupable devant la cour de l'opinion publique où plusieurs internautes ont visionné les images sur les allégations contre lui. Et si sa stratégie est aussi de nature à l'intimider ou le ruiner en orchestrant une parodie de justice - ce qui n'est pas à exclure - cela n'aboutira à rien. Qu'il sache plutôt qu'avec cette action en justice qu'il vient d'initier, il devra tôt ou tard comparaître; ce qui forcerait et, évidemment, donnerait l'occasion à "Gecoco" de mettre tout le système totalitaire de l'imposteur "Joseph Kabila" en procès. Et ce n'est pas du tout ce que souhaiterait Hyppolite Kanambe!

"Gecoco" a finalement compris que le changement est inévitable et a réagi en fonction de cette réalité. Il s'est donc repositionné politiquement sans explicitement signaler à l'opposition qu'il vient de la rejoindre dans ce combat patriotique qu'elle mène déjà. Mais, il a été très prudent de rompre avec l'imposture sans attaquer directement le PPRD ou la majorité présidentielle. Il a trouvé mieux d'attaquer Adolphe Muzito, un poids lourd qui a succédé à son oncle, Antoine Gizenga, aussi membre du Palu (parti allié de la majorité présidentielle) et, tous les deux ont géré la chose publique à la primature durant les cinq dernières années en complicité avec le parti au pouvoir.

Une parenthèse : il semble que ce duel qui oppose apparemment "Gecoco" à Muzito, ressemble plutôt à un combat de Ultimate Fight Championship (UFC) où presque tout est permis. Muzito saigne du nez après avoir encaissé un upper-cut de "Gecoco". Il refuse d'abandonner. Son entraineur ne veut pas jeter l'éponge trop tôt non plus. Et, malheureusement pour lui, il n'y a pas de médecin dans les parages!

L'experience et l'initiative de "Gecoco" complique davantage la situation des membres de l'UDPS et ses alliés qui ont décidé de rejoindre la jungle nationale. Sa décision rend encore plus ridicule celle des "opposants" laquelle est basée sur des prétextes fallacieux. Ceux de l'UDPS avaient déjà été chassés, plutôt enterrés, par le parti avec les initiales "RIP" inscrites sur leurs croix politiques et qui tiennent lieu d'une instruction formelle, à savoir "Retour Interdit au Parti". Tous ces faux opposants issus des sélections législatives organisées par le faux pasteur Daniel Ngoy Mulunda avec la complicité du pouvoir vont donc demeurer dans la jungle nationale et jouer aux figurants en se contentant de leurs "droits et privilèges" jusqu'à l'apocalypse. Ils auront ainsi légitimé une assemblée qui manque de crédibilité et qui va se faire manipuler par le régime totalitaire pour amender ,encore une fois, la constitution afin de permettre au jeune "rais" de se cramponner au pouvoir et perpétuer l'imposture. Ils sont donc tombés dans un piège!
Une autre parenthèse : La légitimité de l'imposteur pose toujours un problème. Même si la communauté internationale - visiblement embarrasée par les élections présidentielle et législatives de novembre dernier et qui se sont transformées plus tard en sélections présidentielle et législatives - pouvait encore se convertir et plaider pour la cause de l'opposition congolaise, les faux opposants viennent malheureusement de lui donner le prétexte de ne plus le faire.

"Gecoco" s'est donc distingué. Il a démissionné alors qu'il pouvait bien, comme tous les autres, continuer à errer dans l'hémicycle. Après tout, il est parle-ment-erre! Le peuple qui prend bien note, n'attendra sans doute pas longtemps pour le proclamer "héro". Car, par sa démission, il vient de renoncer entre autres à ses émoluments de $6,000 et l'immunité parlementaire (l'impunité). Un acte extraordinaire! Aurait-il lu le sermon de Martin Luther King, Jr où il enseignait aux Américains que "la mesure ultime d'un homme n'est pas où il se tient dans les moments de confort et de commodité, mais où il se situe en période de défi et de la controverse"?

Pendant que les autres font obstruction au peuple dans sa lutte pour un Etat de droit, Gecoco Mulumba veut, peut-être, se mettre du bon côté de l'histoire.

chryso45@hotmail.com

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