Sunday, February 28, 2016

Le “glissement” est conforme à la “Constitution”!
Par Chryso Tambu, publié le 28 février 2016

Dans son article intitulé “le bureau politique de la MP se rend coupable d’une citation tronquée de la Constitution pour soutenir le glissement”, publié dans Congoindependant.com en date du 26 février 2013, Bouhdan M’bembo dénonce la “tricherie” de la part du président de l’”Assemblée nationale”, Aubin Minaku, dans son interprétation de l’alinea II de l’article 70 de la “Constitution” en vue de justifier le maintien au pouvoir de “Joseph Kabila” au delà du 19 décembre 2016. Nombreux sont ceux qui partagent le point de vue de Bouhdan M’bembo et qui estiment qu'à moins que l'“installation effective” d'un nouveau président “élu” se réalise dans le délai “constitutionnel”, il y aura effectivement à partir de cette date “vacance du pouvoir” - une situation qui nécessiterait, d’après eux, l’application de l’article 75. D’autres imaginent plutôt une “crise constitutionnelle” éventuelle. Mais dans la logique de l’article 70 dont il est question, Aubin Minaku n’a pas tort!

Cette charte du pouvoir d’occupation – reconnue, à tort, comme la “Constitution” de la “République démocratique” du Congo – dispose en son article 70 alinea II “A la fin de son mandat, le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau président élu”. Pour Bouhdan M’bembo, “l’installation effective du nouveau président élu”, mettant l’accent sur le terme “élu”, est un“participe passé qui sous-entend que le successeur du président en fin mandat, dans le cas d’espèce M. Joseph Kabila, est déja élu et donc connu, n'attendant que l’investiture officielle ou l’installation effective selon les termes de la Constitution pour commencer son mandat qui court à partir de sa prestation de serment et non à partir de la date de son élection telle que constatée par la Commission électorale nationale indépendante et confirmée par la Cour Constitutionnelle”. Or, le terme "élu" est un adjectif qui ne veut pas nécessairement dire que le nouveau président est connu d'avance ou avant son"installation effective". Et dans ce cas précis, il  fait uniquement référence à une procédure particulière qui est l'élection au suffrage universel direct à l'opposé, par exemple, d'un coup d'Etat!

Lorsque Bouhdan M'bembo prétend aussi que d'une part “ la stipulation impersonnelle de la Constitution ferme la voie à toute spéculation de la prolongation” et d'autre part “l’application couplée des articles 70 et 73 bétonne davantage l’organisation de l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel imparti; battant en brêche toute velléite à jouer les prolongations dans le chef de l’administration sortante...", on se demande bien d'où tire-t-il cette conclusion qui est ni implicite ni tacite dans les deux articles? Mais notons en passant que l'"élection présidentielle" (en réalité, un piège à cons) de 2011 a été organisée environ 30 jours avant l'expiration du mandat présidentiel, et ce, largement en violation de l'article 73 de cette même "Constitution qu'il s'empresse de citer! 

Mais, sans pour autant défendre ce pouvoir d’occupation en perte de vitesse, essayons de pousser  la réflexion un peu plus loin pour comprendre le sens de l'article 70 ainsi que ce qui aurait tout d'un coup motivé la classe politique, plutôt la crasse politique, qui semble très concernée depuis seulement l’année dernière alors que  cette "Constitution" existe depuis février 2006 ou depuis plus d'une décennie! Et admettons que l’”élection présidentielle” ait eu lieu et que le nouveau président “élu” qui est connu d’avance meurt le 18 décembre 2016 ou la veille de son “installation effective”. A ce moment là, l’imposteur rwandais au sommet de l’Etat congolais, en l’occurance Hypolite Kanambe alias Joseph Kabila, peut-il alors jouir d’un “glissement”? Evidemment, d'après l'article 70! Cependant, pour Bouhdan M’bemba et compagnie, la réponse est “niet”! Mais d’après quel texte de la "Constitution" fondent-ils alors leur “argumention? S'agit-il d'une "vacance du pouvoir"? Et à quel moment peut- elle être constatée? Dès le lendemain de la fin du mandat présidentiel, c’est à dire le 19 décembre 2016?

Boudhan M’bemba n'est certainement pas un politicien, ou alors il est tout simplement allé très vite en besogne. On peut dès lors comprendre qu'il soit naïf ou qu'il puisse se tromper dans son raisonnement. Mais la crasse politique, elle, connait mieux. Et il est difficile de croire que ceux qui suggèrent une alternative "constitutionnelle" puissent vraiment ignorer la pertinence de l'article 75 où il écrit “En cas de vacance pour cause de decès, de démission ou pour toute autre cause d’empêchement définitif, les fonctions de président de la République, à l’exception de celles mentionnées aux articles 78, 81 et 82 sont provisoirement excercées par le président du Sénat”. Peuvent-ils vraiment insinuer qu'une cause qui empêcherait définitivement un "glissement" ou le maintien au pouvoir de l'imposteur à partir du 19 décembre 2016 soit établie plutôt avec le decès du nouveau président “élu”, et ce, déjà la veille de son "installation effective? Ce serait, très honnêtement, inimaginable!

Par ailleurs, signalons également que pendant que ces politiciens qu'un modèle de résistant et une légende de la disapora, Odon Mbo, qualifie correctement de "commerçants" qui accompagnent le régime d'occupation et feignent de s'opposer à un éventuel "glissement" du mandat de l'imposteur, non seulement ils ne se sont jamais prononcés pour le cas du président du Sénat dont le mandat a effectivement expiré, mais tentent en vain de justifier son "glissement" en évoquant curieusement cette même "Constitution" qui dispose en son article 105 "le mandat de sénateur commence à la validation des pouvoirs par le Sénat et expire à l'installation du nouveau Sénat". Deux poids, deux mesures! Devant cette situation, le feu Grand Maitre, Luambo Makiadi alias Franco Demi-amor, se serait exclamé en chantant: "wapi sérieux"?

Il est vrai que l'imposteur "Joseph Kabila" est en difficulté. Ses maîtres anglo-saxons l'ont lâché et cherchent à se debarasser de lui. Ils recrutent alors cette même crasse politique qu'ils peuvent manipuler comme ils veulent dans une stratégie de créer un désordre, des conflits ou d'amener le chaos et récupérer ensuite la situation "au bon moment" afin d'établir un nouvel ordre mais tout en préservant un système qui leur est avantageux avec, si possible, les mêmes pions! Et c'est ce qui explique notamment le soutien à une organisation comme "Y en a  marre", la naissance du G7 regroupant des dissidents de la Majorité Présidentielle, la rencontre des politiciens congolais organisee dernièrement à l'île de Gorée, au Sénégal, et financée par une ONG allemande, ou la création très récente du "Front Citoyen", etc...

Ekoyebana! Esi eyebani!

chryso45@hotmail.com