Wednesday, February 20, 2013

Le "Traité de Nice" et la fin de la carrière politique d' Etienne Tshisekedi
Par Chryso Tambu, publié le 20 février 2013

L'article précédent intitulé "Les intellectuels congolais sont des vrais ennemis du peuple", publié dans ce blog le 9 janvier dernier, tirait la conclusion suivante: "Hélas! Les intellectuels congolais sont plutôt des idiots!". Cette conclusion vient une fois de plus de se confirmer dans une grande polémique entre, apparemment, l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) et l'Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo (APARECO), au sujet de la dénonciation et condamnation du "Traité de Nice" par le président national de l'Apareco, Monsieur Honoré Ngbanda Nzambo-Ko Atumba. Ce "Traité" signé entre une confrerie dénommée le "collège des hospitaliers" et une dizaine de gangsters congolais réunis en "Conseil national congolais" engage directement ou indirectement la responsabilité du président de l'UDPS, Monsieur Etienne Tshisekedi wa Mulumba, dans une aventure rocambolesque pour le pouvoir - surnommée "Matebagate" en rapport avec l'île de Mateba dans le Bas-Congo - qui comprend le bradage de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale du Congo-Kinshasa. Pendant que les uns, dont Madame Justine Kasa-Vubu, estiment que l'acte posé par le numéro un de l'Apareco fait preuve de courage et de patriotisme tandis que celui du  gang congolais une "haute trahison", les autres, dont la plupart des hauts cadres et des combattants de l'UDPS, portent plutôt un jugement sévère envers lui en le traitant de tous les noms. Mais les jeux sont faits! Les dix gangsters congolais ont déjà cédé l'île de Mateba il y a de cela un an.

Ces Congolais qui considèrent "Matebagate" comme étant une distraction ou une affaire "rigolo" semblent ne pas être très bien informés et ne saisissent pas toute la gravité de l'histoire, alors que tout comme pour l'affaire "Watergate" qui avait forcé le président américain Richard Nixon à démissionner, l'affaire "Matebagate" risque de conduire "l'opposant de carrière" ou le "vieil opposant congolais" Etienne Tshisekedi vers une retraite politique anticipée. Ses lieutenants, dont le Docteur François Tshipamba Mpuila - gang leader aux négociations qui ont abouti à la signature et ratification du "Traité" qui porte le nom de la ville de Nice et cadre de l'UDPS chargé des stratégies mais qui se retrouve aujourd'hui désavoué par les siens et non sanctionné par le parti - , ayant tous réalisé le danger, tentent de convaincre les Congolais que la base du parti et son président n'ont absolument rien à voir avec "Matebagate".

Cependant, le journal Nice matin, dans son article publié en date du 18 février 2012 sous le titre "La révolution congolaise se prépare à Nice", suggère autrement et écrit que "...le 17 janvier, dans un salon du palace niçois, le Conseil national congolais a vu le jour. Sa déclaration constitutive, baptisée "Traité de Nice", a été ratifiée notamment par le Dr. François Tshipamba, le porte-parole en Europe du principal opposant à Joseph Kabila, Etienne Tshisekedi". Ensuite le journal mentionne, citant le conseiller politique de Tshisekedi joint la veille au téléphone depuis Kinshasa, "Si on n'y parvient pas, ce sera un bain de sang". Et, au cours de cette même interview téléphonique, le conseiller politique de renchérir "Nous avons crée à Nice une représentation en exil de notre gouvernement...qui, ici, ne peut pas s'exprimer", note le journal.

Voilà un détail essentiel qui contredit la version des faits ou les différentes déclarations de Docteur Mpuila ainsi que celles de tous les cadres de l'UDPS qui viennent à la défense de leur président et qui nient tous, à l'exception du "ténor" Mpuila, en savoir quelque chose à propos de ce fameux "Traité de Nice" avant qu'il ne circule sur internet.

Une parenthèse. Nulle part dans l'article le nom de l'ancien secrétaire général de l'Apareco, le pasteur Faustin Shungu Okitowungu et, encore moins, celui du président national Honoré Ngbanda sont cités. La déclaration de ce dernier, selon laquelle il n'aurait été informé de l'aventure que tout au début et qu'il aurait, à ce moment là, instruit le pasteur de ne plus se meler de ce projet, semble être vérifiée. Mais espérant incriminer Monsieur Honoré Ngbanda en faisant référence à cet article que son collaborateur, d'après le Dr. Mpuila, lui aurait confirmé l'avoir envoyé via fax à son patron le jour même du 18 février 2012, au contraire, il l'épargne davantage car, en le lisant, rien effectivement ne saute aux yeux.

Mais l'article ne se termine pas là et la suite est même explosive! Jean François Roubaud, son auteur, écrit sous le sous-titre "Le palace transformé en QG" que "Pendant qu'un de ses jeunes collaborateurs pianote son iPad, en quête de liens avec les Congolais de l'intérieur, le vieil opposant qui, depuis 1954, se bat pour un Congo libre, assure cependant que le temps est venu..." Et citant le vieil opposant dans ce qui semble être une conversation avec lui, le journaliste rapporte "...L'exaspération a atteint toutes les couches de la société. Et nous sommes là pour soutenir le combat pacifique mais déterminé du peuple".

Une question fondamentale: Cette allusion faite au "viel opposant" par le journaliste n'a-t-elle pas trait au "sphinx de Limete" Etienne Tshisekedi wa Mulumba?

Il est regrettable que non seulement les hauts cadres de l'UDPS, avec le Dr. Mpuila en tête, nient toute implication de la base du parti et son président dans "Matebagate" mais, ayant constaté très rapidement l'échec d'une telle stratégie, ils se sont aussi livrés à insulter, injurier, calomnier et vilipender le "messager". Rejoignant ainsi la campagne de dénigrement dirigée contre le président national de l'Apareco dans deux émissions de Diapora Network 247 télévisées sur internet le 14 janvier dernier et animées à partir du Canada par Charles Kajingu Mpumpu, un modérateur qui a totalement manqué de professionalisme, les trois invités, en l'occurrence Albert Musualendu Mbuyamba, Sylvain Kalala Nsenda et Hurbain K. Ndondo, n'ont exhibé ni la qualité intellectuelle des professeurs d'université dignes de leur rang ni l'humilité requise aux hommes sages. Le pire est que ces trois intellectuels sont tous d'avis que l'essentiel avec le "Traité de Nice" est de libérer le pays! Avec l'hypothèse qu'ils l'ont lu et bien compris, cette "libération" pour ces trois intellectuels, semble-t-il, vaut sans doute la cession de l'île de Mateba, le déplacement forcé ou l'évacuation de force de ses occupants et éventuellement leur assujettissement. Et ils ont eu même l'audace de justifier indirectement ce "Traité" et d'une manière implicite en faisant référence à la loi Bakajika. Mais l'article 2 de l'accord de Lemera qui stipule "Le sol et le sous-sol appartient à l'alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo" avait-t-il tenu compte de la loi Bakajika au moment il avait été conclu avec Laurent Désiré Kabila en 1996? Et les hospitaliers maintenant n'exigent-ils pas, d'après les articles 3, 4 et 5 de ce fameux"Traité de Nice", que la propriété, l'indépendance et la souveraineté de l'île de Mateba non seulement leur soient reconnues mais que cela soit aussi inscrit dans la nouvelle constitution? Une constitution ne représente-t-elle pas la loi suprême d'un pays?

Une autre parenthèse. L'intention (bonne ou mauvaise soit-elle) de Monsieur Honoré Ngbanda importe peu étant donné que le "Traité de Nice" est entré en vigueur dès l'echange des ratifications en date du 18 janvier 2012 et ce conformément à son article 27 . Cependant, les trois signataires - Docteur François Mpuila, Maitre Georges Mungambendo Polo et le Pasteur Christophe Bea Mulumba - misent sur l'ignorance, la naiveté et le manque de vigilance de la part du peuple congolais pour tenter de défendre leurs actions en prétendant que ledit traité n'est qu'une proposition à soumettre à son approbation et fera l'objet d'un débat national au "moment opportun"(un autre mensonge car nulle part il est ainsi mentionné dans le "Traité). Mais admettons que ces trois gangsters soient sincères et correctes dans l'interprétation du "Traité", pourquoi alors s'en prennent-ils donc au "messager" au lieu de considérer sa dénonciation et sa condamnation comme faisant partie justement de ce "débat national"?

Il est difficile d'imaginer comment le lider maximo pourrait survivre politiquement "Matebagate" car rien ne peut justifier la cession d'un morceau du territoire du Congo-Kinshasa à laquelle il semble être associé. Devant un tel scandale, étant donné que "Matebagate" représente une autre dimension politique, une haute trahison, et que le pouvoir lui semble de plus en plus élusif après tout, l'idéal pour le président de l'UDPS serait de se retirer de la scène politique en évoquant d'autres raisons que celle liée à "Matebagate".

Qui dit mieux?

chryso45@hotmail.com