Friday, May 16, 2014


L’incohérence dans le discours de Vital Kamerhe!
Par Chryso Tambu, publié le 16 mai 2014

 Le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Monsieur Vital Kamerhe, s’est entretenu avec la presse « libre » de la diaspora congolaise lors de son séjour à Bruxelles et à Paris. Il a lui aussi choisi ce forum pour se présenter comme une victime des violations des droits de l’homme du pouvoir en place à Kinshasa en espérant ainsi, visant les élections de 2016, forger une relation ou créer une nouvelle alliance avec la diaspora congolaise laquelle, presque dans l’unanimité, soutient encore le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Monsieur  Etienne Tshisekedi. Malheureusement pour le leader de l’UNC, la grande polémique qu'il alimente d'ailleurs lui-même par ses propres déclarations au sujet de ses origines et qui s’est engagée dans la diaspora congolaise persiste!
 
Au cours de l’interview accordée à Freddy Mulongo et Roger Bongos dans l’emission « les yeux dans les yeux » le 8 mai 2014, recherchant la sympathie des combattants et des résistants mais aussi espérant mettre fin au débat sur sa nationalité, Monsieur Vital Kamerhe déclare  « …j’accepte aussi ceux qui me téléphonent pour émettre des critiques et même ceux qui m’appellent seulement ou qui, à travers la toile, profèrent des injures ou me donnent les origines qui ne sont pas les miennes »,  et d’ajouter « Il y a aucun homme qui circule sur la terre qui montre sur son visage son origine ». « On vous juge », a-t-il renchérit, « par la parole, par les actes, par autres comportements ce que vous faites » et de conclure « On n’a pas besoin de savoir si vous êtes chinois, anglais ou quoi ».

Monsieur Vital Kamerhe a raison de dire d’être jugé « par la parole ». Mais son problème est qu’il ne tient jamais un discours cohérent au sujet de ses origines. Au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington en 2011 (cf. mon article « Vital Kamerhe doit abandonner la course à la magistrature suprême » publié le 16 octobre 2011et posté dans les archives d'avril 2012), sans répondre directement à la question lui posée par Monsieur Ben Beya, un analyste politicien congolais, l’ancien président de l’Assemblée nationale avait déclaré « … Quand j’ai décidé de faire la politique, pour des raisons médiatiques, je m’appelle Vital Kamerhe, et je coupe là.. . ». Voilà un cas de sophisme abérrant! Et Dieu seul sait ce qu'il voulait dire par « raisons médiatiques » ! Une réponse directe et précise aurait été suicidaire pour lui, il fallait donc tromper la vigilance des Congolais dans la salle en restant très vague surtout que l'objection très révélatrice faite au milieu de la question par la modératrice lui était favorable!

Il faudra aussi attendre près de 3 ans pour enfin obtenir une autre précision sur son début politique. Relatant son parcours politique durant l'interview du 8 mai dernier, Monsieur Vital Kamerhe  dira "… J’ai commencé la politique exactement en 1982 à l’Université de Kinshasa, j’étais encore en deuxième graduat ". "Nous avons œuvré dans le cadre de la Jeunesse de l’Université de Kinshasa pas le MPR" précisera-t-il.  

En réconciliant ses deux déclarations, il n’est pas érroné de conclure que le leader de l’UNC, ayant  commencé, selon lui, la politique en 1982, c'est aussi à partir de ce moment précis qu'il s'appelle donc officiellement Vital Kamerhe. Et d'ailleurs, son diplôme académique le confirmera en 1987. Mais, cela pose problème !   Que ce soient en 1982 ou en 1987 et même jusqu’au 24 avril 1990, aucun Congolais ne portait un nom chrétien ou étranger dans un document officiel. Par conséquent, s’il ne faut parler que de son diplôme académique, étant donné que seuls les étrangers pouvaient garder leurs noms chrétiens ou étrangers, Vital Kamerhe ne peut prétendre être ni congolais d’origine, ni naturalisé congolais jusqu’au moment où il termine ses études en 1987. 

Une parenthèse. Plusieurs évènements se déroulent durant l’époque du parti-unique, le Mouvement populaire de la révolution (MPR). Tout d’abord, le 27 octobre 1971 est un grand jour. C’est la fête des trois Z. Le Congo devient le Zaire et les Congolais sont  « rebaptisés » avec des noms « authentiques ». L'année d'après (1972), le président Mobutu  signe  une ordonnance-loi  accordant pour la toute première fois la nationalité aux Burundais et Rwandais qui vivaient dans les Kivus avant le 1er janvier 1960. Malheureusement, cette nationalité leur sera retirée en 1981 par une nouvelle loi du conseil législatif mais prévoyant d’autres dispositions (une loi organique) pour l’octroi de la nationalité. 
 
A en croire Vital Kamerhe, en « changeant » son nom en 1982 au moment où il  décide donc de faire la politique (selon ses deux déclarations réconciliées), non seulement il confirme lui-même qu’il est étranger, mais aussi admet avoir violé la loi depuis tout ce temps en s’engageant dans des activités politiques au Congo-Kinshasa!  

Mais le problème pour Vital Kamerhe ne s’arrete pas là ! Admettons qu’il ait, lui aussi, été « rebaptisé » en 1972 avec la naturalisation collective. S’assimilant aux Congolais d’origine, il porterait lui aussi, conformément aux exigences de l’époque, un post-nom jusqu’au moment où il décide, selon lui,  de le « changer » en 1982, et ce, après avoir  perdu effectivement la nationalitè d’acquisition  avec la nouvelle loi du conseil legislatif de 1981. Ainsi donc, si entre 1972 et 1982 on retrouve sur ses documents un nom « authentique » , c'est-à-dire un post-nom et non un prénom, cela signifie qu’il est légalement congolais même si toute activité politique lui est interdite. Cependant, lorsqu’il dit qu’il a « changé » son nom en 1982 - marquant ainsi son début en politique - et que son nouveau nom est repris sur son diplôme académique de 1987 alors que le président Mobutu n’avait pas encore annoncé la « démocratisation » qui allait permettre à tous les Congolais de reprendre leurs anciens prénoms et de porter la cravate, Monsieur Vital Kamerhe ne peut prétendre être ni Congolais d’origine et encore moins naturalisé congolais. Absolument pas !  

Une autre parenthèse. Il est possible qu’on retrouve des documents de Monsieur Kamerhe avec un post-nom, notamment entre 1987 (une année qui coincide avec la fin de ses études) et 1990 (l’année de la « démocratisation ») étant donné qu’il travaillait dans l’administration publique durant cette période. Et, parlant les quatres langues nationales du Congo-Kinshasa, un post-nom ou un nom « authentique » l’aurait en effet aidé à mieux s’identifier ou s’assimiler aux autochtones afin de jouir de tous les droits et privilèges.
 
S'il faut juger Monsieur Vital Kamerhe aussi "par des actes" comme il le souhaite, on ne peut que  se  demander pourquoi ne traduit-il pas alors justement le journaliste Lushima et la RTNC en justice pour "diffamation" au sujet de ses origines rwandaises, comme le lui avait recommandé Monsieur Gabriel Mokia, au lieu d'envoyer ou de laisser sa pauvre mère ou quelqu'un d'autre tenter de le défendre plutôt devant la cour de l’opinion publique. Comprenez qui peut!
 
A suivre...

chryso45@hotmail.com


 

 

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